Archives des Cinquante Otages de Nantes (1941)
Rapport du préfet de Loire-Inférieure à ses autorités
hiérarchiques
20 octobre 1941
Classement : suites de l'attentat ; rapports
Je transcris ci-dessous un document des Archives départementales
de Loire-Atlantique.
Référence :
Fonds 1694 W Affaires de guerre
Dossier 16 : attentat du 20 octobre 1941.
Les astérisques renvoient à des notes (sous la
transcription)
TRANSCRIPTION
Dactylographie
«
20
Octobre 1941
Le
Préfet de la Loire-Inférieure
à Monsieur l’AMBASSADEUR de FRANCE
Délégué Général du Gouvernement Français dans les
Territoires occupés,
(Cabinet)
à Monsieur le PREFET Délégué du Ministère de l’INTERIEUR
(Cabinet)
à Monsieur le MINISTRE SECRETAIRE d’ETAT à l’INTERIEUR
(Secrétariat Général pour la Police) -11, rue Cambacérès,
PARIS
à Monsieur le PREFET REGIONAL (Cabinet) - ANGERS
à Monsieur l’AMBASSADEUR de FRANCE
Délégué Général du Gouvernement Français dans les
Territoires occupés,
(Cabinet)
à Monsieur le PREFET Délégué du Ministère de l’INTERIEUR
(Cabinet)
à Monsieur le MINISTRE SECRETAIRE d’ETAT à l’INTERIEUR
(Secrétariat Général pour la Police) -11, rue Cambacérès,
PARIS
à Monsieur le PREFET REGIONAL (Cabinet) - ANGERS
Comme suite à
mes communications téléphonique de
ce jour, j’ai l’honneur de vous faire connaître que M. le
Lieutenant-Colonel HOTZ, Commandant de la Feldkommandantur de NANTES,
a été victime d’un attentat commis ce matin, à 7 H 45, alors
qu’il s’engageait dans la rue du Roi Albert*, face au numéro
1 de ladite rue, près du magasin ‘’Art et Miroir’’.
ce jour, j’ai l’honneur de vous faire connaître que M. le
Lieutenant-Colonel HOTZ, Commandant de la Feldkommandantur de NANTES,
a été victime d’un attentat commis ce matin, à 7 H 45, alors
qu’il s’engageait dans la rue du Roi Albert*, face au numéro
1 de ladite rue, près du magasin ‘’Art et Miroir’’.
Selon les
premiers renseignements recueillis, tant
auprès de l’officier d’ordonnance accompagnant la victime qu’auprès
des divers témoins entendus, M. le Lieutenant-Colonel HOTZ
a été frappé mortellement de deux coups de revolver tirés par
un individu marchant derrière lui, en compagnie d’un autre homme.
auprès de l’officier d’ordonnance accompagnant la victime qu’auprès
des divers témoins entendus, M. le Lieutenant-Colonel HOTZ
a été frappé mortellement de deux coups de revolver tirés par
un individu marchant derrière lui, en compagnie d’un autre homme.
Les deux
projectiles l’ont atteint dans le dos, dans
la région du cœur.
la région du cœur.
Feuillet 2
L’assassin et
son compagnon, dont on possède un
vague signalement, ont aussitôt pris la fuite en traversant
la place St-Pierre et en s’engageant dans la rue du Portail.
vague signalement, ont aussitôt pris la fuite en traversant
la place St-Pierre et en s’engageant dans la rue du Portail.
Ils avaient
été aperçus par un témoin, M. Marcel
BARIL, employé à la ville, qui les a presque aussitôt perdus
de vue.
BARIL, employé à la ville, qui les a presque aussitôt perdus
de vue.
D’actives
recherches ont été faites aux alentours
de l’endroit où ces individus ont disparus.
de l’endroit où ces individus ont disparus.
Dès que j’ai
eu connaissance de cet odieux attentat,
j’ai immédiatement alerté tous les services de police
et de Gendarmerie du Département.
j’ai immédiatement alerté tous les services de police
et de Gendarmerie du Département.
Le Parquet a
été avisé et a ouvert une information.
Après m’être
mis en rapport avec les Services de
M. l’Ambassadeur de France, ceux de M. le Préfet Délégué du
Ministère de l’Intérieur et ceux de M. le Préfet Régional à
ANGERS, je me suis rendu à la Feldkommandantur, accompagné du
Maire de NANTES, de mon Secrétaire Général et de mon Chef de
Cabinet, pour présenter au Docteur SIEGER, Officier d’ordonnance
du Feldkommandant, les plus vives condoléances du Gouvernement
et les miennes, et exprimer l’indignation que soulève un tel
forfait.
M. l’Ambassadeur de France, ceux de M. le Préfet Délégué du
Ministère de l’Intérieur et ceux de M. le Préfet Régional à
ANGERS, je me suis rendu à la Feldkommandantur, accompagné du
Maire de NANTES, de mon Secrétaire Général et de mon Chef de
Cabinet, pour présenter au Docteur SIEGER, Officier d’ordonnance
du Feldkommandant, les plus vives condoléances du Gouvernement
et les miennes, et exprimer l’indignation que soulève un tel
forfait.
Je suis
retourné auprès de l’Officier d’ordonnance
du Feldkommandant pour présenter, au nom personnel de M. de
BRINON et au nom de M. ROUSSILLON, Préfet régional,
l’expression de leur sympathie attristée.
du Feldkommandant pour présenter, au nom personnel de M. de
BRINON et au nom de M. ROUSSILLON, Préfet régional,
l’expression de leur sympathie attristée.
A midi, mon
Chef de Cabinet a été appelé par M.
le Kreiskommandant qui lui a fait connaître les premières
mesures prises par les Autorités allemandes :
le Kreiskommandant qui lui a fait connaître les premières
mesures prises par les Autorités allemandes :
La circulation
sera interdite, à partir de ce soir
et jusqu’à nouvel ordre, de 19 heures à 8 heures du matin.
et jusqu’à nouvel ordre, de 19 heures à 8 heures du matin.
Feuillet 3
L’heure de police étant fixée à 18 heures, tous les établissements
publics ou privés devront être fermés à cette heure-là.
Seuls, les services d’eau, de gaz, d’électricité et de
la SNCF continueront à fonctionner.
A nouveau
convoqué par la Feldkommandantur, l’ordre
m’a été donné de prendre toutes dispositions en vue
d’interdire les attroupements et stationnements de plus de deux
personnes sur le territoire de la ville de NANTES et des
communes limitrophes.
m’a été donné de prendre toutes dispositions en vue
d’interdire les attroupements et stationnements de plus de deux
personnes sur le territoire de la ville de NANTES et des
communes limitrophes.
A cette
occasion, j’ai fait remarquer aux Autorités
allemandes que les effectifs de police étaient insuffisants
pour assurer, d’une façon efficace, l’exécution des mesures
préconisées et j’ai demandé que des éléments de gendarmerie
soient autorisés à venir à NANTES pour renforcer la police
municipale. Cette autorisation m’a été accordée. Ainsi, un
effectif de 30 à 50 gendarmes pourra être mis demain à ma
disposition.
allemandes que les effectifs de police étaient insuffisants
pour assurer, d’une façon efficace, l’exécution des mesures
préconisées et j’ai demandé que des éléments de gendarmerie
soient autorisés à venir à NANTES pour renforcer la police
municipale. Cette autorisation m’a été accordée. Ainsi, un
effectif de 30 à 50 gendarmes pourra être mis demain à ma
disposition.
Dès que j’ai
eu connaissance de l’attentat,
j’ai lancé à la population de la Loire-Inférieure l’appel
dont vous trouverez ci-joint copie.
j’ai lancé à la population de la Loire-Inférieure l’appel
dont vous trouverez ci-joint copie.
M. le Maire de
NANTES a, de son côté, adressé
aux habitants de sa commune, la proclamation dont j’annexe
le texte.
aux habitants de sa commune, la proclamation dont j’annexe
le texte.
Tous ces avis,
arrêtés et proclamations ont été
remis à la presse.
remis à la presse.
Feuillet 4
J’ai, en outre,
adressé aux Maires du Département
une circulaire leur transmettant un certain nombre d’affiches
reproduisant le texte de mon appel et les priant de les apposer
sur les emplacements en vue de leur commune.
une circulaire leur transmettant un certain nombre d’affiches
reproduisant le texte de mon appel et les priant de les apposer
sur les emplacements en vue de leur commune.
Deux couronnes
ont été portées à la Feldkommandantur
dans l’après-midi, l’une en mon nom personnel, l’autre au nom
du Maire de NANTES.
dans l’après-midi, l’une en mon nom personnel, l’autre au nom
du Maire de NANTES.
Lors de notre
seconde visite à la Kommandantur,
nous avons, mes collaborateurs et moi-même, apposé notre signature
sur un registre qui y avait été déposé à cet effet.
nous avons, mes collaborateurs et moi-même, apposé notre signature
sur un registre qui y avait été déposé à cet effet.
Par ailleurs,
un livre sera ouvert à la Préfecture
et à la Mairie pour recueillir les signatures des personnes qui
voudront s’inscrire à la suite de l’attentat dont a été victime
M. le Lieutenant-Colonel HOTZ.
et à la Mairie pour recueillir les signatures des personnes qui
voudront s’inscrire à la suite de l’attentat dont a été victime
M. le Lieutenant-Colonel HOTZ.
Les services
de Police et de Gendarmerie agissent en
étroite collaboration avec la Police militaire allemande*. Ils
ont opéré, dès ce matin, des barrages aux portes de la ville et
des rafles dans le centre.
étroite collaboration avec la Police militaire allemande*. Ils
ont opéré, dès ce matin, des barrages aux portes de la ville et
des rafles dans le centre.
En fin de
journée, les Services de Police m’ont fait
connaître qu’ils avaient procédé, de concert avec la police
allemande, à des investigations minutieuses dans le quartier
de la rue de Briord*, afin de découvrir l’endroit où se seraient
réfugiés, selon le témoin précité, les agresseurs du Feldkommandant.
connaître qu’ils avaient procédé, de concert avec la police
allemande, à des investigations minutieuses dans le quartier
de la rue de Briord*, afin de découvrir l’endroit où se seraient
réfugiés, selon le témoin précité, les agresseurs du Feldkommandant.
Ces
recherches, qui se sont poursuivies pendant
plusieurs heures, n’ont donné aucun résultat positif.
plusieurs heures, n’ont donné aucun résultat positif.
Jusqu’à
présent, trois hommes, les nommés : LE SCOUL
Jean, RENAUD Georges et JAFFRY Jean, dont les signalements se
rapprochent de ceux indiqués par les témoins, sont gardés à
vue.
Jean, RENAUD Georges et JAFFRY Jean, dont les signalements se
rapprochent de ceux indiqués par les témoins, sont gardés à
vue.
D’après les
derniers renseignements qui m’ont été
fournis, leur confrontation avec les témoins n’a pas donné de
résultat.
fournis, leur confrontation avec les témoins n’a pas donné de
résultat.
Feuillet 5
Au cours de la
journée, j’ai eu des entretiens
avec le Délégué départemental à la Propagande sociale du
Maréchal et différentes personnalités de la ville.
avec le Délégué départemental à la Propagande sociale du
Maréchal et différentes personnalités de la ville.
Un sentiment
unanime de réprobation s’est manifesté
dans toute la ville de NANTES, à l’annonce de cet odieux
attentat.
dans toute la ville de NANTES, à l’annonce de cet odieux
attentat.
Aucune
précision n’a encore été donnée concernant
la date des obsèques.
la date des obsèques.
Par ailleurs,
j’ai été avisé ce matin que, vers
5 heures 50, la voie ferrée empruntant le nouveau tracé
en tranchée, près la place Jean Macé, entre les Oblates et les
Brasseries de la Meuse*, avait été coupée par explosif sur une
longueur de50 centimètres
environ.
5 heures 50, la voie ferrée empruntant le nouveau tracé
en tranchée, près la place Jean Macé, entre les Oblates et les
Brasseries de la Meuse*, avait été coupée par explosif sur une
longueur de
Une enquête
est en cours en vue d’identifier les
auteurs de cet acte de sabotage.
auteurs de cet acte de sabotage.
Je ne
manquerai pas de vous tenir au courant.
Le
Préfet »
Notes
*rue du roi-Albert : rue reliant la cathédrale à la préfecture
*Police militaire allemande : la Geheime Feldpolizei, qui a un commissariat à Nantes
*Police militaire allemande : la Geheime Feldpolizei, qui a un commissariat à Nantes
*quartier de la rue de Briord : à 200 m en contrebas de la cathédrale (près des magasins Decré)
*place Jean-Macé, Oblates, Brasseries de la Meuse : zone ouest de la ville, entre la butte Sainte-Anne et la gare de Chantenay (les brasseries n'existent plus)
Plan de Nantes
*place Jean-Macé, Oblates, Brasseries de la Meuse : zone ouest de la ville, entre la butte Sainte-Anne et la gare de Chantenay (les brasseries n'existent plus)
Plan de Nantes
Création : 10 février 2014
Révision : 29 mars 2014
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