jeudi 27 février 2014

98. W16. 6 septembre 1945 Lettre de Fernand Ridel au préfet

Archives des Cinquante Otages de Nantes (1941)
Lettre de Fernand Ridel au préfet de Loire-Inférieure
6 septembre 1945


Classement : Affaire Romand







Je transcris ci-dessous un document des Archives départementales de Loire-Atlantique.
Référence :
Fonds 1694 W Affaires de guerre
Dossier 16 : attentat du 20 octobre 1941.

Les astérisques renvoient à des notes (sous la transcription)


TRANSCRIPTION
Dactylographie

« 
Fernand RIDEL                                  Nantes, le 6 septembre 1945
AVOCAT
BARREAU DE NANTES                  5 P Quai Brancas     9, Place Canclaux
Téléphone 113.02

(tampon) PREFECTURE LE 11 SEP 1945
                                                                                    
(mention manuscrite)
M. Bus???
1° accuser réception à Me Ridel
2° Transmettre copie au Ministre de la Guerre en appuyant
Signature

                                                             Monsieur le Préfet
                                                                     de la Loire-Inférieure
                                                                              Préfecture
                                                                                  NANTES

Monsieur le Préfet,

Hier, Monsieur GILLET, (dans la Résistance Theo) gardien
chef de la Prison de Nantes, me mettait sous les yeux après
en avoir donné connaissance à un Membre du C.D.L. un article
paru dans « Samedi soir » intitulé « J’ai été fusillé à NANTES
et cloué dans un cercueil. »

Monsieur GILLET qui a vécu des moments terribles pendant
l’occupation allemande et qui a su ce qui se passait dans la
Prison du côté allemand m’a crié son indignation.

Je partage entièrement sa façon de voir et je trouve
inadmissible et irrespectueux pour nos morts d’écrire de tels
articles à moins que je plaigne le Directeur de « Samedi soir »
de sa candeur.

Si ma deuxième supposition est vraie, franchement je
plains le journaliste qui a pu croire le roman de Jean ROMAN
à moins qu’il soit en mal de copie.

En effet l’aventure de ce parachutiste est un défi lancé
à la vérité. Vérité que nous respectons et que nous Nantais
nous vénérons. Il semble en effet inutile et absurde de romancer
un drame qui est dans toutes les mémoires.

Ce Jean ROMAN prétend avoir été poussé dans un groupe
 »de 50 visages anxieux » les « cinquante otages fusillés à
Nantes en Octobre 1941, parce que le Feldkommandant HOTZ avait
été tué. »

« Arrivés sur le grand boulevard, on nous place sur trois
rangs. Je me retourne : je vois des cercueils alignés. Je n’ai
plus le temps de penser à rien. etc… »

Il n’y a qu’un malheur pour Jean ROMAN qui se dit Lieutenant
à la 3e D.I.A. c’est que cela n’a jamais existé.

En effet il n’y eut jamais 50 Otages fusillés à Nantes.
  
Feuillet 2

L’exécution eut lieu au champ de tir du BELE à St Joseph
de Portricq (sic), comme vous le voyez nous sommes  loin de la vérité.

Romancer de tels faits pour jouer au héros me semble
une insulte à nos morts. C’est dans ces conditions que rescapé
de cette fusillade, je crois de mon devoir de vous demander
de faire ouvrir une enquête sur l’auteur de cet article et
sur le prétendu crucifié dans son cercueil. On ne joue pas
ainsi avec les malheurs qui ont frappé notre ville, aussi
des sanctions sévères s’imposent-elles, d’autant plus que la
fin de l’article ressemble plutôt à une publicité de mauvais
aloi.

Veuillez croire, Monsieur le Préfet, à mes sentiments
patriotiques.

(signature manuscrite)           FRidel
                                      F. RIDEL (mention manuscrite)
                                                           Président des Camarades de Tranchées
                                      Ancien Capitaine F.F.I. »

Notes


































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