Archives des Cinquante Otages de Nantes (1941)
1945
Article du journal Samedi Soir
Classement : Affaire Romand
Je transcris ci-dessous un document des Archives
départementales de Loire-Atlantique.
Référence :
Fonds 1694 W Affaires de guerre
Dossier 16 : attentat du 20 octobre 1941.
Les astérisques renvoient à des notes (sous la
transcription)
TRANSCRIPTION
Coupure de presse (une colonne avec une photographie)
«
J’AI ETE FUSILLE A NANTES ET CLOUE
DANS UN CERCUEIL
(De notre envoyé spécial)
- J’ai été
mort… Un mort cloué dans un cercueil… Un mort sur lequel la terre a été jetée pelle
à pelle avec un bruit mat et lugubre.
L’homme qui
parle ainsi s’appelle Jean Roman. Il a quarante ans, un teint basané, et il est
actuellement lieutenant à la 3e D.I.A.
Son aventure
est prodigieuse. Il la raconte lentement, presque malgré lui, effaré par ses
propres souvenirs.
Parachuté à
Nantes en septembre 1941 – son deuxième parachutage – il fut arrêté par la
Gestapo. On n’arrivait pas à l’identifier. Il prétendait s’être évadé d’un
stalag, mais comme il ne pouvait dire lequel, on ne le crut pas.
Il subit les
traitements de rigueur : ongles arrachés, coups de pied dans le ventre,
coups de matraque sur le crâne. Sa tête, tuméfiée, doubla de volume :
- Voyez comme
vous êtes beau, ricana un Allemand en lui tendant une glace… Tous les Français
seront ainsi bientôt.
Comme il ne
parlait toujours pas, on lui annonça qu’il serait fusillé.
Il encaissa
bien le coup ; ce qui le tracassait, c’était de savoir s’il aurait le
temps de fumer quatre
PHOTO
INTERCALEE : soldat de profil, plan moyen rapproché, tenant un appareil photo,
cigarette à la bouche. Pas de légende.
gauloises
cachées dans le col de sa veste.
Un jour, à
neuf heures du matin, on le tire de sa cellule.
– Promenade,
lui dit-on.
On le pousse
dans un groupe de cinquante visages anxieux. Les cinquante otages fusillés à
Nantes en Octobre 1941, parce que le Feldkommandant Hotz avait été tué.
– J’ai tout de
suite compris, dit-il.
Le groupe se
met en marche.
- Arrivés sur
le grand boulevard, on nous place sur trois rang. Je me retourne : je vois
des cercueils alignés. Je n’ai plus le temps de penser à rien. Un coup de
revolver… Une rafale de mitraillette… Une autre Une autre encore… Je suis
tombé… Je ne me souviens plus de rien.
La première
chose qu’il entendit en revenant à la vie, fut un murmure confus de voix.
Inconscient, il donnait des coups de pied dans son cercueil. On l’en tira alors
qu’il était aux limites de l’épuisement. Deux civils, témoins de l’exécution,
avaient cru remarquer qu’il n’était pas mort. A la nuit venue, ils étaient
venus le déterrer. Ils le cachèrent dans une cave et réussirent à le sauver.
Six semaines après il partait pour l’île de Bath (sic) et regagnait
l’Angleterre.
Que sont
devenus les sauveteurs ? Leur boutique – c’était des commerçants – est
fermée. Sur le rideau de fer leur nom reste inscrit en blanc : Klopositch.
Ils ont été déportés en juillet 1942, avec treize membres de leur famille, et
l’on est sans nouvelles d’eux.
C’étaient,
nous assurent les voisins, deux frères peu « causants » et
taciturnes. Mais ont-ils su jamais, eux-mêmes, que cet être privé de
connaissance, qu’ils ont caché des semaines, a fait rire le monde entier ?
Peut-être, en se penchant sur lui, quand il commençait à murmurer quelques
paroles, auraient-ils pu surprendre sur ses lèvres le refrain de quelque succès
de Ray Ventura dont, comme pianiste, il a accompagné l’orchestre dans toutes
les capitales ?
PHOTO : soldat en plan moyen rapproché tenant un appareil photo, cigarette à la bouche. Pas de légende. »
PHOTO : soldat en plan moyen rapproché tenant un appareil photo, cigarette à la bouche. Pas de légende. »
Notes
Commentaire
C'est évidemment un tissu d'absurdités.
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