jeudi 27 février 2014

96. W16. 6 août 1968 Rapport sur le témoignage de Karl B

Archives des Cinquante Otages de Nantes (1941)
6 août 1968
Rapport de la gendarmerie de Pornichet sur le témoignage de Karl B...


Classement







Je transcris ci-dessous un document des Archives départementales de Loire-Atlantique.
Référence :
Fonds 1694 W Affaires de guerre
Dossier 16 : attentat du 20 octobre 1941.

Les astérisques renvoient à des notes (sous la transcription)


TRANSCRIPTION
Dactylographie

« 
FICHE DE RENSEIGNEMENTS
concernant les déclarations d’un ex-feldgendarme
allemand au sujet de l’exécution de 50 otages
Français à CHATEAUBRIANT au cours de la
deuxième guerre mondiale.

Le 1er Août 1968, un ressortissant allemand, Monsieur Karl B...,
fonctionnaire de la police fédérale allemande, se présentait à la brigade de
PORNICHET (Loire-Atlantique) et demandait le concours de la Gendarmerie
Française pour l’aider à démontrer la vérité dans une affaire datant de 1941. En
l’occurrence, il s’agit de l’assassinat à NANTES le 20 Octobre 1941, du Feld-
kommandant doctor (sic) Karl HOTZ, assassinat mis au compte de la résistance
Française et qui a été le prétexte de l’exécution de 50 otages.

Monsieur B... voudrait que les autorités gouvernementales Françaises
ainsi que la population, notamment celle de la région nantaise, connaissent la
vérité sur ce fait historique qui à l’époque, a profondément marqué et sensibilisé
l’opinion. Selon lui, le colonel HOTZ n’aurait pas été assassiné par
des résistants français, mais par des nazis (gestapo probablement) qui le
trouvaient trop francophile. Ce fut alors l’abominable assassinat collectif de
50 innocents pour « venger » le Feldkommandant.

Pour étayer sa thèse, Monsieur B... a effectué de nombreuses
investigations et a recherché plusieurs documents. Des recherches l’ont amené d’abord
sur la tombe du colonel HOTZ au cimetière allemand de Pornichet (Loire-Atlantique).
Il a été frappé de constater que cette tombe ne portait pas la mention
habituelle « tombé au champ d’honneur le…. » mais tout simplement « mort le… ».
D’autre part, il a recherché la famille du défunt et n’a pu retrouver qu’un
unique survivant, le gendre de feu le Colonel HOTZ. Celui-ci lui a remis un
document émanant de la Wermarcht (sic) avisant la famille du décès tragique du Colonel.
Ce document n’a été établi qu’en 1943 alors que la mort avait eu lieu en 1941.
Or, selon Mr. B... les familles, surtout celles d’officiers supérieurs, étaient
avisées dans les meilleurs délais en pareil cas.

Poursuivant ses fouilles méticuleuses dans les différents services
français ou allemands, Monsieur B... a découvert un article relatif à la mort
du Colonel HOTZ dans le numéro 154 de Septembre 1959 de la revue « Historia ». Cet
article était signé de Monsieur Edmond DUMERIL, professeur agrégé d’allemand,
docteur ès-lettres et qui fut de 1940 à 1945 conseiller pour les affaires
allemandes au cabinet du Préfet de la Loire-Inférieure à NANTES. Selon Monsieur
B..., cet article apporte des éléments irréfutables permettant de confirmer
sa thèse sur les circonstances de l’assassinat de son ancien supérieur.

Monsieur B... a entretenu une correspondance épistolaire avec le
professeur DUMERIL. Il a sollicité le concours de la Gendarmerie, lors d’une
seconde visite au Commandant de Compagnie de SAINT-NAZAIRE le 2 Août, afin
d’être mis en présence de cet homme qui devait résider à LA BAULE pendant la
saison estivale. Les indications fournies par Mr. B... ont permis de retrouver
Monsieur DUMERIL, 19 Allée Jeanne à LA BAULE. Celui-ci a pu ainsi entrer en
contact avec l’ex-feldgendarme.

Feuillet 2

Le 3 Août 1968, en présence du personnel de la Brigade des Recherches
de SAINT-NAZAIRE, les deux hommes ont fait la genèse de l’affaire HOTZ. Monsieur
DUMERIL a notamment indiqué dans quelles conditions il avait connu intimement
le colonel HOTZ. Ses fonctions à la Préfecture lui ont permis de prendre contact
avec l’Officier, au cours de conversations les deux hommes ses sont découverts
des affinités estudiantines. Ils eurent en effet les mêmes professeurs à l’université
en Allemagne. De l’entretien entre Messieurs DUMERIL et B..., il
ressort que des éléments positifs, quant à la thèse B... sur la mort du Doctor
HOTZ, existent dans l’article de la revue Historia. D’autre part, Monsieur
DUMERIL a fait savoir que les archives de la Préfecture de Loire-Atlantique
renfermaient sûrement des renseignements sur les noms des véritables assassins
du Colonel. Il s’agirait effectivement d’Allemands, à la solde de la Gestapo.

Selon ses déclarations, Monsieur B... ne poursuit qu’un seul but
dans toute cette affaire, « essayer de faire connaître aux Autorités Françaises
et à la population de Loire-Atlantique 27 ans après, la vérité sur un acte de
barbarie hitlérienne commis sur un Officier Allemand qui était jugé trop humain ».
Cet acte a été mis avec une rare ignominie à l’actif de Français pour en abattre
d’autres sans raison. Monsieur B... voudrait également que le rebondissement
de cette affaire permette de réhabiliter la mémoire de son ancien chef qui n’a
pas été abattu par des « terroristes » ennemis mais par des fanatiques de son propre
pays.

Notons enfin que Monsieur B... a demandé, au cas où cette affaire
serait réévoquée publiquement (par voie de presse notamment), que son nom
ne soit pas cité par mesure de sécurité.

Voici l’identité de cet homme : Karl B..., fonctionnaire de police,
25 … Strasse HEIDELBERG (Bard-Wurtemberg). Quant au professeur DUMERIL,
il réside habituellement 10 Rue Villebois-Mareuil à NANTES (Loire-Atlantique). »

Notes


Bordereau du document ci-dessus

Dactylographie

« 
GENDARMERIE NATIONALE

COMMANDEMENT DE CIRCONSCRIPTION                  NANTES, le 6 Août 1968.
REGIONALE DE GENDARMERIE
DES PAYS DE LA LOIRE

GROUPEMENT DE LOIRE-ATLANTIQUE                                               N° 1156 /2

                                               BORDEREAU D’ENVOI

Fiche de renseignements concernant les
déclarations d’un ex feldgendarme allemand
au sujet de l’exécution de 50 otages à
CHATEAUBRIANT au cours de la deuxième
guerre mondiale

Un exemplaire
est adressé au
Commandant du Poste
de Sécurité Militaire
de la 33° D.I. à NANTES.

                                                 Le Chef d’Escadron SIPP, commandnat par intérim
                                                 le  Groupement de Gendarmerie de LOIRE-ATLANTIQUE
                                                                         (tampon et signature manuscrite)


DESTINATAIRE
Mr le Préfet de la Région des Pays
de la Loire – Préfet de Loire-Atlantique
(Cabinet), à NANTES »

































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